Guide pratique : le processus de cession de parts sociales
Cession de parts sociales : découvrez les étapes, formalités et conseils pratiques pour réussir cette opération.
Publié le 03-03-2023 et actualisé le 17-07-2024
Lors d’une cession de fonds de commerce, le prix de vente fait l’objet d’un séquestre. Ainsi placé entre les mains du rédacteur d’acte, il permet de purger le passif fiscal et les créances du cédant.
Même si elle n’est pas obligatoire, cette mesure de sécurité reste indispensable pour le futur acquéreur. Elle constitue une « période tampon » qui le protège financièrement.
Purge des dettes passées, garanties de paiement, délais de solidarité fiscale et droit d’opposition sont autant de raisons qui font pencher la balance en faveur du séquestre.
Voyons ensemble les éléments à connaître pour se prémunir de toute déconvenue et pour que la mise en place du séquestre profite à chaque partie.
À l’issue d’une cession de fonds de commerce, l’acquéreur possède les éléments corporels et incorporels du bien cédé.
C’est-à-dire à partir de la signature de l’acte définitif.
Pour se protéger de tout litige financier futur, il est fortement conseillé de séquestrer le prix de vente.
Le jour de la cession de fonds de commerce, le prix de vente payé n’est pas immédiatement reversé au vendeur. Le montant de la somme est d’abord bloqué par un tiers, à titre provisoire.
Le séquestre de fonds de commerce correspond donc au blocage temporaire du prix de cession du fonds.
Cette période est d’un maximum de 5 mois.
En clair, le vendeur va devoir attendre jusqu’à 5 mois pour toucher son prix de vente, bien que ce dernier ait été payé par l’acquéreur au jour de l’acte de vente.
Le séquestre permet de protéger l’acquéreur des retombées financières dues aux délais de solidarité fiscale de l’acquéreur avec le vendeur et du droit d’opposition des créanciers.
Le tiers en mesure d’accueillir le montant séquestré jusqu’à expiration du délai est l’avocat spécialisé ou le notaire.
Celui qui a rédigé l’acte pour le compte du cédant ou de l’acquéreur.
Celui-ci est habilité à remplir la mission de séquestre, puisqu’il dispose d’une politique de confidentialité et d’une assurance responsabilité civile permettant la réception, la détention et le transfert de fonds vers un tiers.
Le montant des frais liés à la mise sous séquestre par le juriste rédacteur de l’acte peut être fixé par forfait (fourchette allant de 500 à 1.000 €) ou en pourcentage du prix de cession (généralement compris entre 1 et 2 %).
Il est d’usage que les honoraires de séquestre soient pris en charge par le cédant.
L’acquéreur, de son côté, supporte ceux de la rédaction des actes.
Aucune obligation légale n’encadrant cette répartition, il convient de régler cette question d’un commun accord entre les parties.
Il peut donc également y avoir dispense de séquestre lors d’une cession de fonds de commerce, avec les risques que cela comporte pour les parties.
Cette décision doit être précisée dans l’acte de vente.
La cession d’un fonds de commerce est strictement réglementée par la loi.
De cette réglementation découlent, entre autres, deux responsabilités qui légitiment le recours à un séquestre :
Encadrée par l’article 1684 du Code général des impôts, l’obligation de solidarité fiscale entre acquéreur et vendeur du fonds de commerce indique que :
« […] le successeur du contribuable peut être rendu responsable solidairement avec son prédécesseur du paiement de l'impôt sur le revenu afférent aux bénéfices réalisés par ce dernier pendant l'année de la cession jusqu'au jour de celle-ci, ainsi qu'aux bénéfices de l'année précédente lorsque, la cession étant intervenue pendant le délai normal de déclaration, ces bénéfices n'ont pas été déclarés avant la date de la cession. »
De fait, suite à la cession d’un fonds de commerce, l’acquéreur est solidairement responsable – avec le vendeur – du paiement de certains impôts directs.
Il est important de préciser que cette solidarité fiscale liant l’acquéreur et le vendeur se fait à concurrence du prix de vente du fonds.
De plus, la durée du principe de solidarité fiscale n’est pas illimitée.
Elle est fixée à 90 jours, et peut éventuellement être réduite à 30 jours, si certaines conditions sont remplies.
Dans le cadre d’une cession de fonds de commerce, la loi exige également que les tiers, et plus particulièrement les créanciers du vendeur, soient informés de la vente.
Ainsi avisés, les créanciers qui n’auraient pas été payés par le vendeur du fonds ont la possibilité d’exercer leur droit d’opposition sur le prix de cession.
De qui s’agit-il ?
Tous ceux à qui le vendeur, au moment de la vente, doit encore de l’argent. Et il y en a toujours !
Ce droit d’opposition leur permet de recouvrer le montant de leurs créances sur la somme perçue par le vendeur.
Sans séquestre, c’est l’acquéreur qui serait redevable de cette somme.
En clair, le montant bloqué par le séquestre permet de régler le passif fiscal du vendeur.
Le séquestre est donc un indispensable pour protéger l’acquéreur du fonds, afin que celui-ci ne subisse pas les conséquences financières découlant des réclamations d’impayés de la part des créanciers du vendeur ou de l’administration fiscale.
La durée du séquestre du prix de vente d’un fonds de commerce est liée au processus de cession du fonds.
Sa durée dépend donc directement des diverses démarches administratives, légales et financières que cédant et acquéreur doivent faire pour conclure et officialiser la cession.
Lors d’un séquestre, le prix de vente est en général immobilisé pour une période allant de 3 à 5 mois. Cependant, sur cette même période de blocage, se distinguent deux types de délais :
Suite à la signature de l’acte de cession du fonds de commerce, le délai habituel de séquestre est de 150 jours (soit 5 mois), à compter du paiement du prix de vente.
Plusieurs démarches et délais entrent en compte pour calculer la durée du séquestre classique :
Il est possible de réduire la période de séquestre du prix de vente de 150 à 105 jours (3 mois et 15 jours).
Pour ce faire, l’acquéreur doit faire coïncider les dates de déclaration de cession aux impôts avec celles des publications au BODACC et au JAL.
De cette manière, le délai de solidarité fiscale de 90 jours démarrera à cette date également.
Plus précisément, cela revient à abaisser la durée de solidarité fiscale à 30 jours, à la condition que les délais suivants soient respectés :
Cependant, ce délai « raccourci » du séquestre de fonds de commerce reste théorique pour deux raisons :
Lorsqu’il y a cession de fonds de commerce et lorsque le statut du bail commercial évolue (résiliation ou location-gérance par exemple), les créanciers sont prévenus.
Pour régler ses dettes, le vendeur à deux possibilités.
Se distinguent deux types de traitements, en fonction de l’inscription ou non des créanciers sur le fonds de commerce, suite à un privilège accordé ou un nantissement.
1. Pour les créanciers inscrits sur le fonds :
Sont ici concernés les créanciers dont la créance est garantie par un accord de sûreté, comme un « prêt meunier » dans le cas d’une cession de boulangerie ou encore un « contrat brasseur » pour les ventes d’affaires de restauration ou d’hôtellerie.
L’on peut dire que ces derniers bénéficient d’un traitement de faveur et sont payés en priorité, avant la cession.
Le vendeur a tout intérêt à payer en priorité ces créances et ainsi retirer de l’inscription les garanties liées au fonds cédé, si celui-ci veut récupérer l’intégralité du montant séquestré.
2. Pour les créanciers non-inscrits :
Ils disposent eux aussi d’un moyen pour recouvrer le montant de leur créance sur le prix de vente de la cession. Cependant, pour y parvenir, ils doivent former opposition sur le prix de vente, après la cession.
Ici, les délais « classiques » de déclaration d’une cession de fonds de commerce s’appliquent.
Comme expliqué précédemment, les créanciers sont avisés par une publication réalisée par le cédant, après la signature de la cession. Suite à la dernière publication, ils disposent de 10 jours pour faire valoir leur droit d’opposition.
Si le séquestre est bénéfique pour l’acquéreur, il peut représenter une période difficile pour le cédant.
À la signature de l’acte, le prix de vente est bloqué pendant plusieurs mois et sert en priorité à payer les créances.
Il est donc primordial, pour le vendeur, d’anticiper le séquestre pour :
Qui dit cession de fonds de commerce, dit également arrêt d’activité professionnelle pour le cédant (même temporaire).
Et c’est ici que le blocage du prix de vente du fonds peut impacter celui qui cède son affaire.
C’est pourquoi, avant la mise en vente du fonds de commerce, il convient d’anticiper les conséquences financières engendrées par une suspension du versement du prix de vente.
Pour le vendeur du fonds ayant cédé son activité, le séquestre signifie que, pour au moins 5 mois, il ne pourra pas toucher l’argent de la vente.
Pour autant, son quotidien continue et ses charges personnelles courantes ne sont pas mises en pause, elles.
Le cédant avisé dispose donc de plusieurs moyens pour éviter les effets néfastes du séquestre.
1. Afin de préserver au maximum sa trésorerie personnelle, le cédant peut anticiper cette période transitoire en constituant une épargne, pour couvrir les frais découlant de son train de vie.
2. Il peut également anticiper sur la purge des dettes afin de réduire le délai de séquestre.
En effet, si au moment de la vente le vendeur a réglé son ardoise auprès de la majeure partie de ses créanciers (fournisseurs, salaires, charges sociales…), le temps de séquestre pourra être réduit.
3. De même, s’il s’organise pour transmettre ses pièces comptables à l’expert-comptable le plus tôt possible, ce dernier sera en mesure de réaliser son bilan de clôture plus rapidement.
Et donc permettre au cédant de communiquer son résultat à l’administration fiscale plus tôt.
4. De nombreuses déclarations (JAL, BODACC, comptabilité…) pourront être effectuées simultanément.
Les délais d’opposition et de solidarité fiscale commenceront donc plus tôt, permettant à l’avocat responsable du séquestre d’effectuer, s’il en reste, les derniers paiements de créance.
Afin de ne pas être surpris et pris de court par les divers délais qui régissent les opérations d’une cession de fonds, il est recommandé d’être accompagné par un avocat spécialisé afin d’être guidé sur chacune des étapes, de connaître leurs finalités et conséquences.
Tout comme l’acquéreur, le cédant a son intérêt dans la mise sous séquestre du prix de vente du fonds de commerce. Il leur assure une sécurité financière préservée et gérée par une tierce personne.
L’acquéreur s’assure ainsi que toute dette a bien été réglée et que les bénéfices générés par son exploitation du fonds de commerce lui sont propres.
Le cédant, quant à lui, a la garantie que, suite à la signature de l’acte de vente, le versement de la somme qui lui est due sera bien effectué.
Séquestre fonds de commerce en 3 questions
Découvrez notre
modèle de canevas de compromis de vente